Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/297

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vers les rochers, sa sauvage retraite ; mais alors, je ne sais quelle voix murmurait à mon oreille qu’il valait bien mieux profiter de l’occasion qui m’était donnée de faire le portrait du magnifique oiseau, et j’abandonnais mon premier désir, plus désintéressé, pour l’unique satisfaction, cher lecteur, de vous en offrir la ressemblance.

Le premier jour tout entier, je n’eus d’autre occupation que de l’observer dans ses mouvements ; le suivant, je déterminai la position la plus favorable pour le représenter, et le troisième, je réfléchis aux moyens de lui ôter la vie avec le moins de souffrance possible. Je consultai là-dessus diverses personnes, et entre autres mon très digne et généreux ami George Parkman, esquire, qui avait l’obligeance de nous visiter chaque jour. Il proposa de l’asphyxier par la fumée de charbon de bois, de le tuer par une décharge électrique, etc., etc. Nous nous arrêtâmes au premier expédient, comme devant être probablement plus commode pour nous et moins douloureux pour le patient. Cette détermination prise, l’oiseau, toujours en cage, fut placé dans une toute petite pièce et hermétiquement enfermé sous des couvertures ; puis, les portes et les fenêtres soigneusement bouchées, on apporta un réchaud plein de charbon allumé, et on retroussa les couvertures du bas de la cage. J’écoutais, m’attendant à tous moments à l’entendre tomber de sa perche ; mais des heures s’écoulèrent, et rien n’annonçait le succès. J’ouvris la porte, enlevai les couvertures et plongeai mon regard au milieu d’une suffocante fumée : droit sur son bâton