Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/31

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ma manière de voir ; et malgré les instances répétées de naturalistes bien plus éminents que je ne puis jamais espérer de le devenir, j’ai gardé, et je garde toujours par-devers moi, ignorées des autres, des espèces que je n’ai trouvées figurées dans aucun livre, et que je considère comme nouvelles ; entendant toutefois en donner dans mes illustrations un nombre proportionné à celui des espèces déjà connues qui ont été gravées. — En vous reportant au texte pour les descriptions, vous aurez le lieu et la date de leur découverte. — Et de ces découvertes, ne croyez pas que je prétende me faire un grand mérite ; j’aimerais tout autant que les objets en eussent été préalablement observés : cela eût épargné à quelques incrédules la peine de les chercher dans les livres et le désagrément de trouver qu’ils étaient réellement nouveaux. Je vous assure, ami lecteur, que, même en ce moment, j’aurais bien moins de plaisir à présenter au monde savant un nouvel oiseau dont j’ignorerais les habitudes, qu’à décrire les particularités et les mœurs d’un autre déjà depuis longtemps découvert.

Il y a aussi des gens que le désir outré de devenir célèbres pousse à ne rien faire connaître de l’assistance

    « Qu’on ne juge pas du prix que je mets à la gloire d’avoir le premier observé un insecte, par la longueur de la description précédente. La nature nous offre un trop prodigieux nombre d’occasions, et trop faciles à saisir, d’acquérir cette sorte de gloire, pour que nous en devions être beaucoup flattés. Il est honteux pour nous de n’être pas assez frappés des beautés qu’elle nous présente, mais il n’y a pas de quoi nous enorgueillir lorsque nous les apercevons. »