Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/311

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on les entend exciter les chiens de la voix. Allons ! les éperons dans le ventre de nos chevaux, ou nous serons trop tard à notre poste, et nous manquerons la première occasion d’arrêter au passage le gibier qui fuit. Plus vite, plus vite, la chasse est lancée ; le son du cor se rapproche et résonne de plus en plus fort ; hurrah ! hurrah ! ou nous resterons honteusement en arrière.

Enfin nous y voilà ; descendez, attachez votre cheval à cet arbre, placez-vous là, derrière ce peuplier jaune, et surtout, attention à ne pas me tuer. Le gibier vient à nous grand train ; je cours moi-même à mon poste, et la palme à qui, le premier, l’étendra roide mort !

Malheureusement pour lui, son pied a fait craquer une branche de bois sec, je l’entends, et les chiens le serrent de si près qu’il va passer à l’instant même… Le voici : qu’il est beau, bondissant ainsi sur le sol, quelle noble tête, quel magnifique bois, quelle grâce dans chacun de ses mouvements, et comme il semble plein de confiance, s’en remettre à sa seule légèreté pour son salut ! Hélas ! vain espoir : un coup part, l’animal se baisse ; il s’élance d’une vitesse incomparable, il vole ; mais en passant devant une autre embuscade, un second coup mieux ajusté le couche par terre. Chiens, domestiques et cavaliers se ruent sur le terrain ; on félicite le chasseur de son adresse ou de sa chance, et la chasse repart, pour recommencer dans quelque autre partie de la forêt.