Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/318

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ils se plongent dans de petites flaques d’eau sous les rayons du soleil, puis gagnent les sentiers sablonneux où ils se roulent, sèchent leur plumage et se débarrassent des insectes qui les gênent. Quand on les trouble durant cette opération, ils se contentent de se cacher tout auprès, sous quelques broussailles, pour revenir aussitôt que l’on est passé.

Pendant que la femelle couve, vous entendez le mâle chanter, du haut d’un arbre voisin, des heures entières. Il monte jusqu’au sommet, en sautant de branche en branche, et choisit pour son théâtre quelque bosquet isolé qui ne s’élève pas à plus de cent pas du nid. Sa chanson finie, il plonge vers sa retraite favorite, sans se servir des branches pour descendre. Le mâle et la femelle couvent l’un après l’autre. Leur mutuel attachement, le courage qu’ils déploient pour la défense de leur nid, sont des faits bien connus des enfants de la campagne ; ces oiseaux ne souffrent pas qu’on y porte la main ; fût-ce même un homme, ils l’assaillent, en poussant un son guttural qui est très fort et imite la syllabe tchai, tchai, accompagnée d’un plaintif weo weo, qu’ils continuent jusqu’à ce que l’ennemi se retire. S’il emporte leur trésor, il est sûr d’être poursuivi bien loin, peut-être un demi-mille ; les pauvres parents passent et repassent sans cesse devant lui et l’accablent de reproches qu’il a bien mérités.

La nourriture de cette grive, que l’on connaît aussi sous le nom de moqueur français[1], consiste en in-

  1. Buffon.