Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/344

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aperçurent la trace du sang frais, et, s’y étant, abattus, la suivirent jusque dans le ravin où, par ce moyen, ils découvrirent l’animal qu’ils dévorèrent sous mes yeux, quoiqu’il n’eût point encore d’odeur.

Ce n’était pas assez, pour moi, de ces expériences cependant si décisives.

Ayant trouvé deux jeunes vautours de la taille de petits poulets, que le duvet recouvrait encore, et qui avaient plutôt l’air de quadrupèdes que d’oiseaux, je les emportai chez moi, les mis dans une grande cage, en vue de tout le monde, dans la cour, et me chargeai moi-même de leur donner à manger. Je les fournis abondamment de pics à tête rouge et de perroquets que je tuais en aussi grand nombre que je voulais, sur des mûriers où ils cherchaient leur nourriture, dans le voisinage immédiat de mes deux orphelins.

Ceux-ci les déchiraient par lambeaux, à grands coups de bec, et en les tenant sous leurs pieds. Au bout de quelques jours, ils étaient si bien habitués à mes visites, que lorsque j’approchais de leur cage, les mains pleines du gibier que je leur destinais, ils commençaient aussitôt à siffler et à gesticuler, presque à la manière des jeunes pigeons, et se présentaient mutuellement le bec, comme s’ils s’attendaient à recevoir la nourriture l’un de l’autre, ainsi qu’ils l’avaient reçue de leurs parents.

Deux semaines s’écoulèrent ; les plumes noires paraissaient et le duvet diminuait. Je remarquais un accroissement extraordinaire des pattes et du bec ; et les trouvant propres pour mes expériences, je fermai,