Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/371

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truisît aucun nid d’oiseau sur la plantation. Chaque fois que j’allais voir mes pewees, j’en trouvais toujours un sur le nid ; tandis que l’autre était à chercher de la nourriture, ou bien, perché dans le voisinage, remplissait l’air de notes bruyantes. Quelquefois j’étendais ma main presque jusque sur l’oiseau qui couvait ; et ils étaient devenus si gentils tous les deux, ou plutôt si bien apprivoisés avec moi, que, quoique je les touchasse pour ainsi dire, ni l’un ni l’autre ne bougeait ; pourtant la femelle faisait mine parfois de s’enfoncer un peu dans son nid ; mais le mâle me becquetait les doigts. Un jour, il s’élança du nid, comme bien en colère, voltigea plusieurs fois autour de la caverne en poussant ses notes plaintives et gémissantes, puis il revint prendre son poste.

En ce même temps, un second nid de pewee était accroché contre les solives de mon moulin, et un autre, sous un hangar dans ma cour aux bestiaux. Chaque couple, on n’en pouvait douter, avait marqué les limites de son propre domaine, et c’était bien rarement que l’un d’eux passait sur le territoire de son voisin. Ceux de la grotte cherchaient généralement leur nourriture, ou faisaient leurs évolutions si haut au-dessus du moulin, ou de la crique, que ceux du moulin ne les rencontraient jamais. Ceux de la cour se confinaient dans le verger, et ne troublaient pas davantage les autres. Cependant, quelquefois j’entendais distinctement les cris de tous les trois retentir au même moment ; alors, l’idée me vint qu’ils sortaient originairement du même nid. Je ne sais si je me trompais à cet égard ; mais du