Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/380

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ce moment sa principale ressource. Avec les chaleurs de l’été, il s’enfonce dans les sombres marécages, et passe la plus grande partie de son temps à se vautrer dans la vase, comme le porc, se contentant alors d’écrevisses, d’orties, de racines, et par-ci par-là, quand la faim le presse, se jetant sur un jeune cochon, sur une truie, et quelquefois même sur un veau. Aussitôt que les différentes sortes de baies qui viennent sur les montagnes commencent à mûrir, les ours suivis de leurs oursons, gagnent les hauteurs. Dans les parties retirées du pays où il n’y a pas de terrains montagneux, ils rendent visite aux champs de maïs, et s’amusent quelques jours à y faire le dégât ; après cela, ils donnent leur attention aux différentes espèces de noix, de faînes, de fruits en grappes, et autres productions des forêts. C’est à ce moment qu’on rencontre l’ours errant solitaire à travers les bois, pour faire sa récolte, n’oubliant pas de piller, sur son chemin, chaque essaim d’abeilles sauvages qu’il peut trouver ; car c’est, comme on sait, un animal très expert dans ce genre d’opération. Vous savez aussi sans doute, du moins je vais vous l’apprendre, que l’ours noir demeure des semaines entières dans le creux des plus gros arbres, où l’on dit qu’il se suce les pattes ; habitude à laquelle il paraît prendre un singulier plaisir, et dont probablement vous ne vous êtes jamais guère inquiété, bien qu’elle soit très curieuse et réellement digne de votre intérêt.

À une autre époque de l’année, vous pourrez le voir examinant pendant plusieurs minutes, et avec une grande attention, le bas de quelque arbre au large