Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/382

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maître, disait-il, venait de recevoir. Je jetai les yeux sur le papier. C’était un message de la part d’un voisin, nous requérant mon ami et moi de nous réunir à lui le plus vite possible, pour lui aider à tuer plusieurs ours qui, en ce moment, étaient en train de ravager ses moissons. Je fus promptement debout, comme vous pouvez le croire ; et en entrant dans le parloir, je trouvai mon ami équipé de pied en cap, et n’attendant plus que quelques balles qu’un nègre était occupé à couler. On entendait la corne du surveillant qui appelait les esclaves hors de leurs cabines ; quelques-uns déjà s’étaient mis à seller nos chevaux, tandis que d’autres s’employaient à ramasser tout ce qu’il y avait de mauvais chiens sur la plantation. C’était un tumulte à ne plus s’y reconnaître. En moins d’une demi-heure, quatre vigoureux nègres armés de haches et de couteaux, et montés sur de forts bidets à eux appartenant (vous saurez, lecteur, que beaucoup de nos esclaves élèvent des chevaux, du bétail, des porcs et des volailles, qui sont, s’il vous plaît, leur propriété), nous suivaient au plein galop à travers les bois ; car nous avions pris au plus court, vers la plantation du voisin, qui n’était guère qu’à cinq milles de là.

Malheureusement la nuit n’était pas des plus favorables ; il tombait une pluie fine et épaisse qui rendait l’air lourd, ou plutôt étouffant. Mais comme nous connaissions parfaitement le chemin, nous eûmes bientôt atteint l’habitation dont le propriétaire attendait notre arrivée. Nous étions trois armés de fusils ; plus une demi-douzaine de domestiques, avec une bande de