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de leur plumage. Dans les prairies d’Opelousas[1], et dans celles qui bordent la rivière Arkansas, elles sont encore plus nombreuses. Beaucoup cependant se retirent jusque dans le Mexique, à l’approche d’un très rude hiver. Alors, elles dorment par terre, au milieu des grandes herbes, mais éloignées l’une de l’autre de plusieurs verges, ainsi que fait la tourterelle de la Caroline.

Quand s’annonce le printemps, les troupes se dispersent, et les femelles sont les premières à se séparer. Les mâles alors commencent leur migration, volant par petits corps ou même isolément. Mais leur plumage à cette époque est devenu abondant et beau. Leur manière de voler, tous leurs mouvements par terre, trahissent la force de la passion qui bouillonne au dedans d’eux. On voit chaque mâle s’avancer d’un pas imposant et mesuré, fouettant de la queue, l’étendant de toute sa largeur, puis la refermant ainsi qu’un éventail aux mains d’une brillante demoiselle. Leurs notes éclatantes sont plus mélodieuses que jamais ; ils les répètent plus souvent, tandis qu’ils se tiennent sur la branche ou au sommet de quelque grand roseau de la prairie.

Malheur au rival qui ose entrer en lice ! ou plutôt, qu’un mâle s’offre simplement à la vue d’un autre mâle en ce moment de véritable délire, il est attaqué soudain, et s’il est le moins fort, chassé par delà les limites du territoire que revendique le premier occupant. On en voit quelquefois plusieurs engagés dans

  1. Comté et ville de l’État de Louisiane.