Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/405

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tint son feu, et en quelques heures nous avions autant d’écureuils que nous pouvions en désirer. Vous saurez, en effet, que recharger sa carabine n’est que l’affaire d’un instant ; et pourvu qu’on ait soin de l’essuyer après chaque coup, elle peut continuer son service des heures entières. Depuis cette première rencontre avec notre vétéran Boon, j’ai vu nombre d’autres individus accomplir le même exploit.

Quant à ce troisième exercice qui consiste à moucher la chandelle avec une balle, j’en fus pour la première fois témoin près des bords de la Grande Rivière, et dans le voisinage d’une remise à pigeons à laquelle j’avais préalablement rendu visite. Durant les premières heures d’une nuit noire, ayant entendu retentir de nombreux coups de carabine, je me dirigeai vers le lieu d’où ils partaient, pour en connaître la cause. En arrivant sur le terrain, je fus chaudement accueilli par une douzaine de grands gaillards qui s’apprenaient à tirer, dans les ténèbres, à la lumière réfléchie par les yeux d’un daim ou d’un loup. C’est ce qu’on appelle la chasse à la torche, dont je vous ai précédemment rendu compte[1]. Auprès d’eux brillait un grand feu dont la fumée s’élevait en tournoyant parmi le feuillage épais des arbres. À une distance qui permettait à peine de la distinguer, quoiqu’en réalité il n’y eût pas plus de cinquante pas, brûlait une chandelle qu’on aurait dit placée là pour quelque offrande à la divinité de la nuit ; enfin, à une dizaine de pas seulement du but, se tenait un individu

  1. Voy. la chasse au daim.