Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/414

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sus avec une extrême avidité. J’en ai vu de suspendus par les ongles à des branches de vigne, dans la position que prend si souvent la mésange ; le corps tendu en bas, ils s’allongeaient tant qu’ils pouvaient, et semblaient atteindre la grappe avec une grande satisfaction. On en voit aussi sur les plaqueminiers, mais seulement lorsque leurs fruits sont devenus tout à fait mous.

Ces oiseaux ne font aucun tort au blé ni aux fruits des vergers, bien qu’ils s’attaquent quelquefois aux arbres qu’on a protégés d’une enveloppe, dans les jeunes plantations, et en détachent des lambeaux d’écorce. Rarement s’approchent-ils de terre ; ils préfèrent, en tous temps, les sommets des plus hauts arbres. S’ils viennent à découvrir quelque gros tronc mort, à moitié gisant et brisé, ils se jettent dessus et le travaillent avec une telle vigueur, qu’en peu de jours ils l’ont presque entièrement démoli. J’ai vu les restes de quelques-uns de ces antiques monarques de nos forêts ainsi minés, et d’une façon si singulière, que le tronc chancelant et haché semblait n’être plus soutenu que par l’énorme tas de copeaux qui l’entourait à sa base. Leur bec est si puissant, et ils en frappent d’une telle force, que d’un seul coup ils enlèvent des morceaux d’écorce de sept à huit pouces de long, et peuvent, en commençant à l’extrémité d’une branche sèche, la dépouiller sur une étendue de vingt ou trente pieds dans l’espace de quelques heures. Pendant tout ce temps, ils ne cessent de sautiller en descendant peu à peu, la tête dirigée par en haut, et la tournant de droite et de