Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/415

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gauche, ou bien l’appliquant contre l’écorce pour reconnaître où les vers sont cachés. Cela fait, ils recommencent de plus belle à piocher, et entre chaque coup éclate leur cri retentissant, comme s’ils prenaient un vif plaisir à l’ouvrage.

Lorsque les jeunes ont quitté leurs parents, ces derniers se tiennent généralement par couples. La femelle est toujours la plus bruyante et la moins craintive ; leur mutuel attachement dure toute la vie. Sauf le cas où ils creusent le trou qui doit recevoir leurs œufs, ils n’attaquent presque jamais les arbres vivants, que pour se procurer de la nourriture, et ils les débarrassent en même temps des insectes nuisibles.

Plusieurs fois j’ai vu le mâle et la femelle se retirer ensemble, pour passer la nuit, dans le même creux où, longtemps auparavant, ils avaient élevé leurs petits. Ils y rentrent ainsi d’ordinaire quelques instants après le coucher du soleil.

Si l’un de ces oiseaux est blessé et qu’il tombe par terre, il gagne immédiatement l’arbre le plus rapproché, y grimpe aussi lestement qu’il peut, et ne s’arrête qu’aux dernières branches, où il se foule et réussit en général à se cacher très bien. Il monte le long de l’arbre en ligne spirale, et faisant toujours entendre son éclatant pait, pait. Mais il devient silencieux, du moment qu’il a trouvé une place où il se croit en sûreté. Quelquefois ses pattes s’accrochent si fortement à l’écorce, qu’il y reste cramponné des heures entières, même après sa mort. Quand on veut les prendre à la main, ce qui n’est pas sans quelque danger, ils frap-