Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/426

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nature sourit à cet heureux changement, et déjà les nombreux chantres des bois font répéter, à tous les échos, leurs joyeux cris de reconnaissance. Dès ce moment, plus de craintes ; l’espérance seule fait battre le cœur. Le chasseur s’apprête à quitter son camp ; il écoute le signal de la grive, en réfléchissant à la direction qu’il doit prendre ; et tandis que l’oiseau s’approche et le regarde d’un œil curieux, comme pour surprendre quelque chose de ses projets, il élève son âme à Dieu qui dispose à son gré de tous les événements. Rarement, en effet, ai-je entendu le chant de cet oiseau, sans éprouver en moi cette paix, cette tranquillité qu’inspire si bien la solitude où il se plaît. Les bois les plus profonds et les plus sombres sont toujours ceux qu’il préfère ; sa retraite favorite est au bord des ruisseaux murmurants, à l’ombre des arbres majestueux qui s’élèvent sur le penchant des collines, et dont les rayons du soleil pénètrent difficilement la voûte épaisse. C’est là, c’est là seulement qu’il faut l’entendre, notre brillant ermite, pour comprendre et pour goûter tout le charme de sa voix !

Bien que composée d’un petit nombre de notes, elle est si puissante, si distincte, si claire et si moelleuse, qu’il est impossible qu’elle frappe l’oreille, sans que l’esprit n’en soit en même temps vivement ému. Je ne puis comparer ses effets à ceux d’aucun instrument, car je n’en connais pas réellement d’aussi mélodieux. Elle s’enfle peu à peu, devient plus sonore, puis jaillit en gracieuses cadences, et retombe enfin si douce et si basse, qu’on dirait qu’elle va mourir. C’est comme les