Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/433

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l’étable : c’était notre captif qui, commençant à revenir de sa terreur et à reprendre des forces, songeait à s’en retourner chez lui et paraissait furieux de se voir si étroitement emprisonné. Nous ne pûmes absolument rien en faire ; car dès que nous approchions seulement les mains de l’entrée de la hutte, il s’élançait contre nous avec une sorte de rage, mugissant et hérissant sa crinière, de façon à nous convaincre qu’en vain nous essayerions de le garder vivant. Nous lui jetâmes la peau d’un daim, qu’en un instant il eut mise en pièces. Cependant, comme je l’ai dit, il n’avait qu’un an et environ six pieds de haut. Nous revînmes pour chercher l’autre que nous avions laissé dans les bois ; mais nous reconnûmes bientôt qu’il était retourné sur ses pas jusqu’à la remise, distante d’un mille et demi à peu près. Permettez-moi de vous la décrire en quelques mots :

Aux approches de l’hiver, des troupes d’élans, comprenant depuis deux jusqu’à cinquante individus, commencent à s’acheminer lentement vers le penchant méridional de quelque montagne où, sans avoir besoin de faire de longues courses, ils trouvent à se nourrir dès que la neige vient à tomber. Lorsqu’elle s’est accumulée sur la terre, ils tracent, tout au travers, des sentiers bien foulés ils se tiennent, broutant de chaque côté les buissons, et creusant de temps à autre quelque sentier nouveau ; de sorte qu’au printemps, beaucoup de ceux qu’ils avaient fréquentés d’abord se trouvent effacés et remplis. Une place ainsi préparée pour une demi-douzaine d’élans peut contenir une vingtaine d’acres.