Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/45

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nombre de vingt. Il y en a plus souvent de dix à quinze ; quand la poule va pondre, elle s’approche toujours de son nid avec une extrême précaution, presque jamais deux fois de suite par le même chemin, et avant de quitter ses œufs, elle n’oublie pas de les couvrir de feuilles ; de sorte qu’on peut bien voir l’oiseau, mais qu’il est très difficile de mettre la main sur le nid. De fait, on en trouve peu, à moins qu’on n’en fasse partir la femelle à l’improviste, ou qu’un lynx à l’œil perçant, un renard, ou une corneille, après avoir sucé les œufs, n’en aient dispersé les coquilles aux environs.

Très souvent, pour cacher leur nid et élever leurs petits, les poules d’Inde préfèrent les îles à d’autres lieux ; sans doute parce qu’elles y sont moins troublées par le chasseur, et que les grandes masses de bois que le flot y accumule peuvent les protéger en cas de péril. Chaque fois que sur une île, j’ai trouvé de ces oiseaux ayant une couvée, j’ai constamment remarqué que la seule détonation d’une arme à feu les faisait fuir vers la pile dans laquelle bientôt elles disparaissent. Maintes fois il m’est arrivé de marcher sur ces tas qui ont fréquemment de dix à vingt pieds de haut, en cherchant le gibier que je savais s’y être réfugié.

Lorsqu’un ennemi passe en vue de la femelle, pendant qu’elle pond ou qu’elle couve, jamais elle ne bouge, à moins qu’elle ne se doute qu’on l’ait aperçue ; au contraire, elle se foule encore plus bas, en attendant que le danger soit éloigné. J’ai pu souvent m’approcher d’un nid qu’auparavant je savais être là ; mais j’avais bien soin de prendre un air d’indifférence, sifflant et