Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/459

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carnassiers, tels que couguars, lynx, ours et loups. La tortue à bec de faucon, qui est encore plus farouche et plus difficile à surprendre, se tient sur les îles maritimes. Toutes les quatre usent à peu près de la même méthode, quand il s’agit de déposer leurs œufs dans le sable, et comme maintes fois j’ai pu les observer sur le fait, je suis en mesure de vous donner tous les détails voulus, relativement à cette intéressante et délicate opération.

Avant de s’approcher du bord, ce qu’ordinairement elle n’entreprend que dans une nuit calme et par un beau clair de lune, la tortue, bien qu’elle soit encore à trente ou quarante mètres des bancs, lève la tête au-dessus de l’eau, jette autour d’elle un regard inquiet, et passe attentivement en revue chaque objet sur le rivage. Si elle ne remarque rien qui puisse la troubler dans ses desseins, elle pousse une sorte de sifflement très fort, pour qu’à ce bruit qui les étonne, ses ennemis, s’il en est qu’elle n’ait pas vus, courent se cacher et lui laissent le champ libre. Mais qu’elle se doute de la moindre chose, et qu’il y ait la plus petite apparence de danger, aussitôt elle se renfonce sous l’eau et fuit à une distance considérable. Au contraire, si rien ne bouge, elle nage doucement vers le banc, grimpe dessus en dressant sa tête de toute la longueur de son cou ; et quand elle a trouvé une place convenable, elle regarde encore, mais sans faire de bruit, tout autour d’elle. Enfin, ayant reconnu que tout va bien, elle commence à travailler à son trou, ce qu’elle exécute en écartant le sable de sous elle à l’aide de ses pattes de