Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/79

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même, ne dédaignait pas de venir brouter sur le flanc des montagnes, près du Lehigh ; ours et daims devaient aussi y être nombreux, puisqu’à l’époque où j’écris ces lignes, les chasseurs résidants en tuent encore beaucoup. Le dindon sauvage, le faisan et le tetrao n’y manquent pas non plus ; et les truites, ah ! lecteur, si vous êtes amateur de pêche, allez-y vous même chercher fortune. Quant à moi, ce que je puis dire, c’est que souvent ma main s’est fatiguée à enlever, des moindres ruisseaux, le poisson aux écailles étincelantes, qu’attirait en foule l’appât d’une simple sauterelle se débattant à mon hameçon.

À propos d’ours, il se passa une petite scène assez comique et que je veux vous raconter : une après-midi, quelques travailleurs de M. Jediah s’en revenant de Mauch-Chunk, avaient pris au court par-dessus les montagnes ; c’était la saison où les baies du myrtille sont en pleine maturité. Tout à coup ils s’arrêtent, avertis de l’approche de plusieurs ours qu’ils entendent renifler bruyamment l’air. À peine ont-ils eu le temps de se mettre sur leurs gardes, qu’ils voient paraître une troupe composée, au grand complet, de huit de ces animaux. Armés chacun de leur hache à courte poignée, mes braves font face et s’avancent pour livrer bataille ; mais bientôt les assaillis deviennent les assaillants et jouent si bien des dents et des griffes, qu’en un clin d’œil, ils mettent les hommes en déroute ; et vous les eussiez vus qui se sauvaient à toutes jambes et se précipitaient en tumulte du sommet de la montagne. Le bruit de l’aventure se répandit rapidement ; ce fut à qui saisirait sa