Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/86

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plonge un instant avant qu’il n’arrive sur elle ; l’aigle alors se relève et rencontre en chemin son camarade lequel glisse à son tour vers le pauvre oiseau, juste au moment où il revenait à la surface pour respirer, et le force à plonger de nouveau pour échapper aux serres de ce second assaillant. Le premier aigle qui se balance à la place même que l’autre vient de quitter, se précipite une seconde fois pour forcer sa victime à plonger encore ; et ainsi, le pressant tour à tour par des attaques promptes et répétées, ils ont bientôt fatigué le malheureux palmipède qui, n’en pouvant plus et tirant le cou, nage pesamment, enfoncé sous l’eau, et tâche de gagner le rivage, dans l’espoir de s’y cacher parmi les grandes herbes. Mais tout cela ne le sauvera pas, car les aigles sont là, suivant chacun de ses mouvements ; et au moment où il approche du bord, l’un d’eux fond sur lui et le tue ; après quoi ils se partagent le butin.

Quand viennent le printemps et l’été, l’aigle à tête blanche suit, pour se procurer sa subsistance, une méthode tout autre et beaucoup moins digne d’un oiseau qui paraît si bien doué pour se suffire par lui-même, sans avoir besoin de se commettre avec d’autres pillards : dès que le faucon pêcheur a fait son apparition sur nos côtes de l’Atlantique, ou remonté nos nombreuses et larges rivières, l’aigle se met à le suivre, et comme un égoïste et un brutal, le dépouille du fruit péniblement acquis par son labeur. Perché sur un sommet élevé, en vue de l’océan ou de quelque cours d’eau, il épie chaque évolution de l’orfraie dans les airs. Quand