Page:Auguste Rodin - Les cathedrales de France, 1914.djvu/173

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Maintenant, une poésie vivante, infinie, palpite dans tout le décor, jetant sur les choses un voile de joie. Ces tampons, en boules de verdure, ces maisons qui trouvent chacune la meilleure place, ce ciel humide et lumineux et ces grands nuages légers…

Pourtant, la colline reste sombre et un peu chargée, avec son village encaissé et son observatoire…


Versailles. — Cette partie du jardin a un caractère religieux, qu’il reçoit de ce vase, si beau, au milieu du parterre. Et ce caractère se communique aux arbres qui se touffent autour de l’allée circulaire. À ce vase lui-même son caractère religieux vient de son ancienneté.

Une jeune femme était assise sur un banc. Il me semblait qu’elle faisait une prière bouddhique.


Quatre jeunes filles viennent sur la route, au bord de cette prairie couleur de printemps. Quatre vivantes images du bonheur. Elles marchent, légères dans l’air léger, sans plus de pensées que l’herbe et les fleurs.


Meudon. — La ville est comme un bouquet ; les arbres, qui semblent la porter sur leurs cimes, la soutiennent réellement, la limitent, la contiennent. — Que ces maisons sont heureuses ! — Pas modernes. — J’en vois une, derrière le chemin de fer, une des plus humbles : on dirait un temple. — Ces maisons environnées de verdure sont comme des moutons dans un parc. — Ces maisons passives dans le bonheur…


Le paysage dort, accablé de bonne ivresse. Un peu de vent ; cet arbre fruitier bouge la tête. Au loin, la fumée d’une petite maison encense.

La respiration de la nature agrandit, approfondit le décor.

Par intervalles, le roulement d’un train rappelle le passage du temps à travers cette éternité.


Cette éternité n’est pas l’immobilité. Le jour se développe, les aspects changent. Ma contemplation n’a été qu’à peine interrompue, je la reprends ; ce n’est plus le spectacle que j’avais sous les yeux tout à l’heure, je ne