Page:Auguste Rodin - Les cathedrales de France, 1914.djvu/340

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


VI


NEVERS


Cette Cathédrale est l’échafaudage du ciel.

Elle prend un premier élan, elle monte, puis s’arrête une première fois, se repose sur l’appui de la première assise ; puis, la construction reprend le chemin du ciel : elle s’arrête aux limites humaines des forces.


Je ne cueille mes pensées utilement et joyeusement que dans le plein air des façades, dans l’ombre des nefs et dans la valeur des claires matinées.

Je suis propriétaire de ma vie, aujourd’hui.


Ces belles masses d’ombre, ces belles masses de lumière, ces belles masses de demi-teintes : quelle énergie ! Le Gothique va modeler tout cela. Et je sens la sève gothique passer dans mes veines comme les sucs de la terre passent dans les plantes. C’est le sang de nos pères, qui furent de si grands artistes ! Combien rares aujourd’hui les esprits initiés à leur géométrie, qui est toute la sagesse humaine, toute la conscience ! Mais, des générations nouvelles viendront, après la tourmente que nous traversons : elles payeront à ces pierres, sacrées parce qu’elles sont tout imprégnées d’une pensée qui ne meurt pas, le tribut de vénération qui leur est dû.


Dès le premier regard, quelle impression profonde m’impose cette majestueuse ordonnance ! Cela confine au parfait.