Page:Auguste Rodin - Les cathedrales de France, 1914.djvu/354

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l’atmosphère humide avive les couleurs. Des lumières vertes sur les côtés…

C’est l’empire du silence dans le jour, de la terreur dans la nuit.

Paysage puissant et mélancolique ! Ces bigarrures de lumières… ces nervures, ces colonnettes… Ces carrefours de Cathédrales défoncés dans cette solitude… La boue nous cache les feuilles mortes, n’en laisse découvertes quelques-unes que pour faire avec elles un vif contraste. Petites plaques de soleil ; fûts d’arbres tranchés, dans leur plan, par un rayon qui glisse.

Le soleil est malade ; soleil d’automne aux feux intermittents. Ses rayons se déroulent en banderoles qui semblent chercher un appui sur les arbres, sur les terrains. Il précise et nuance le charme triste de cette fin d’après-midi ; sans lui, cette tristesse serait monotone.

Quand l’horizon s’ouvre, on distingue dans les arbres un crépuscule solennel, qui paraît n’avoir pas eu de commencement, ne devoir jamais finir…

Un petit chien hésite à nous suivre ; nous lui faisons peur. Mais il a peur aussi de la boue du chemin. — Notre vanité est-elle flattée qu’un plus petit nous craigne ? — Je ne le crois pas. C’est pourtant, vis-à-vis de nous-mêmes, ce sentiment-là que nous prêtons à Dieu.

Dans les profondeurs, il y a des vitraux verts…

Un arbre abattu, un autre… Ces bons géants étendus, couleur de peaux corroyées…

Le sentier s’éloigne. Quel est ce mur de briques ? Ce n’est pas un mur, ce sont des feuilles sur une montée de terrain.

À droite, à gauche, s’ouvrent de hautes nefs bercelées, que décorent d’éclatantes verrières…


Mes souvenirs s’élèvent, comme ces arbres, et se confondent avec eux…

Cette forêt sévère, c’est l’antique forêt de Soignes, où j’ai connu quelques-unes des années rêveuses, laborieuses et parfois douloureuses, de ma jeunesse. Cette forêt me rappelle mon passé. La forêt rappelle l’humanité à ses origines ; elle retrouve en elle les Principes.


La chaire est Louis XVI ; blanc et or. Et voici, blanc et or aussi, une chapelle Louis XVI encore. Salon très noble, avec de la majesté, marqué d’un temps où les boudoirs avaient de la noblesse.