Page:Auguste Rodin - Les cathedrales de France, 1914.djvu/376

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Et l’expression ardente, la puissance architecturale des grandes figures du porche, à gauche, vues de l’entrée de l’église ! Il n’y a rien de plus beau dans les chefs-d’œuvre de n’importe quelle époque. Le miracle de ces noirs modulés !


Que dit cette cloche à la voix solennelle ? Ne sonne-t-elle pas les funérailles d’un roi ? ou la marche nuptiale de quelque majestueuse jeune reine ? C’est une date dans ma vie, cette sensation si intense qui me possède, tandis que j’écoute cette cloche en contemplant ce porche et l’admirable disposition de sa foule de pierre ordonnée en architecture. Cloches et sculptures, c’est la même grande parole.

Comment pouvons-nous vivre sans admirer ces magnificences ? Elles m’emplissent d’allégresse. Ma pensée se raffermit, en s’appuyant sur un arc-boutant…

O ces Mille et Une Nuits de la volupté intellectuelle ! Ces cariatides célestes, à la limite de la simplicité… Je ne puis m’en détacher…

L’admiration du génie humain conduit l’esprit toujours plus haut. Je vois les Cathédrales en artiste et je vois la Nature dans la Cathédrale.


Est-ce la mer qui déferle là-bas ?

— Non, ce sont les vêpres ; je suis dans l’église. J’aperçois un groupe en prière, des gens qui pensent, appuyés aux colonnes…

Te Deum ! vols d’archanges portant des glaives !… Orage, roulements de tonnerre !…