Page:Auguste Rodin - Les cathedrales de France, 1914.djvu/556

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marquent sans violence ; les colonnes qui portent sont autant en douceur qu’en force ; les patines rappellent l’antique.

Il n’y a donc qu’une seule courbe, depuis le grec ! une seule qui soit belle, quelque langue que parlent les styles.

Ces dais en hauteur, magnificence d’ornements.

Les têtes de ces saints sont ornées, avec la grâce de l’imagination naturelle, comme de tiares.

Ces architectures, ces ornements, sourient discrètement…

C’est ici la vie presque secrète : nous ne pouvons pénétrer dans ce cercle fermé et fini.


Contreforts : des ponts, des aqueducs qui traversent et passent, formes grises : galeries transversales que la lumière n’atteint qu’en grisailles.


Une partie de la nef, éclairée, se penche sur l’autre, pleine d’ombre, qui se dérobe, assise éternellement.


Ces colonnes si hautes, un peu penchées en arrière, décrivent un unique mouvement circulaire qui les défend de l’atteinte des siècles.


L’architecte balance et allonge les lignes, leur donne la fierté des mouvements qui les portent plus loin sur l’horizon : sphinx fidèles, lianes suspendues, guirlandes, — stations de nos pensées, essais, préludes de la part de création qui nous est départie.


Le système architectural du moyen âge est le même que celui de l’antiquité : motif identique ici et là, Vénus innombrable, toujours mouvante de vie.


L’architecture est faite de l’obéissance des détails, du tout, à la ligne génératrice des contours.


Le trait de force est le même dans le Roman que dans les autres styles. Les formes diffèrent en apparence, s’harmonisent dans leur effet. L’effet somme l’ensemble, la masse des styles français.