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tout, il accompagne, il sert l’immense effort de l’Église cherchant son unité, se ramassant dans sa pensée, se concentrant dans l’ombre du monument accepté plutôt que choisi, en soudant les éléments divers, l’emplissant des choses belles qu’elle consacre et qui la signifient.

Le monument est maintenant plein d’elle. Désormais elle a la double préoccupation de s’assurer contre les désastres qu’elle a trop longtemps, trop souvent subis et de faire devant le siècle grande figure. Une à l’intérieur, elle veut s’y asseoir dans sa force et montrer aux hommes la beauté de cette force et de cette unité.

Elle veut si intensément, que sa volonté triomphe de tous les obstacles : le style roman est né.


III. Période Romane. — L’art roman a rayonné au delà de nos limites, mais c’est en deçà qu’il s’est exprimé avec le plus de richesse et de variété. Non moins exactement que l’art gothique il correspond au sol, au climat, à l’esprit du pays qui le produisit et qui l’amena au point de perfection où nous le voyons dès 1120.

Pour parvenir à l’apogée il lui a fallu deux cents ans. Il est constitué dès le Xe siècle ; mais il est encore rude et comme hésitant pendant tout le XIe. Au XIIe s’épanouit dans sa plénitude la pensée que portait en lui l’esprit occidental et chrétien dès ses premiers balbutiements, — car la Cathédrale romane a plus d’un trait d’étroite parenté avec la Catacombe elle-même, basse, voûtée, sombre et pleine d’hypogées.

Essentiellement, en quoi consiste le style roman ? C’est la voûte qui en est l’élément principal.

« Les voûtes romanes sont appareillées d’une façon beaucoup plus sommaire que celles des Romains ; elles s’en distinguent surtout par leur élasticité ; elles sont construites en blocage, tout au plus en moellons, à gros joints. Les types sont les mêmes que ceux de l’antiquité : berceaux, voûtes d’arêtes et coupoles, mais les tracés sont très différents. La voûte en berceau est souvent brisée, surtout au XIIe, pour diminuer la poussée : la voûte d’arêtes peut l’être également, et souvent elle est bombée, avec arêtiers tracés sur une ellipse, mais en plein cintre, et qui viennent mourir vers la clef ; cette voûte nécessite un appareil analogue à celui de la coupole ; elle forme un compromis entre les deux systèmes et semble inspirée de la voûte d’arêtes byzantine où cette similitude d’appareils s’affirme plus franche-