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ment qu’en Occident. Enfin, la voûte en coupole sert à couvrir des travées carrées, le passage du rectangle au plan circulaire s’opérant au moyen soit de trompes, avec diagonaux bandés dans les angles, soit de pendentifs, en sections triangulaires de coupoles. Le premier système donne une assiette octogone ; le second une base circulaire ; la coupole elle-même suit l’un ou l’autre de ces tracés. Elle est employée à l’intersection de la nef et du transept dans la plupart des églises du sud de la Loire et des écoles bourguignonne et germanique ; quelquefois, les églises ont été entièrement voûtées en coupoles. L’architecture byzantine avait fourni les modèles de ces deux dispositions. La disposition des voûtes et des arcs commande le plan de l’édifice et détermine la conception des supports[1]. »

On voit, par ces explications techniques, si précises, et que nous nous sommes gardé d’abréger, que les architectes occidentaux sont loin d’avoir emprunté la voûte telle qu’ils la trouvaient dans les monuments romains. D’une part, ils en ont simplifié l’appareil et augmenté l’élasticité ; d’autre part, ils l’ont perfectionnée en s’inspirant des exemples que leur offrait l’architecture byzantine.

Il suffira d’ajouter, pour achever de caractériser l’art roman, que toutes les églises construites selon ses principes ont la forme d’une croix, composée de la nef et du chœur, qui se suivent en ligne droite et rappellent le corps du crucifié, et du transept qui rencontre la ligne de la nef avant le chœur et représente les bras ; que presque toujours (l’ogive, toutefois, qui apparaît à la fin du XIIe siècle, se rencontre dans certaines églises purement romanes par tous leurs autres caractères) les lignes qui ne sont pas verticales affectent la courbe du plein cintre, celles des portails et des fenêtres comme celles des voûtes ; que des deux côtés de l’église, entre les fenêtres, des contreforts appuient les murs et les aident à supporter le poids des voûtes ; que la façade, partie la plus ornée du monument, est surmontée d’un, parfois de deux clochers, et qu’il peut y avoir des clochers encore au-dessus des deux portails qui s’ouvrent aux extrémités des bras du transept ; enfin, qu’il y eut plusieurs écoles d’art roman, celles de la Normandie, du Nord, de la Bourgogne, de l’Auvergne, de la Provence, du Poitou, distinguées entre elles par de notables différences.

Il faut surtout noter que la magnifique éclosion de la sculpture et de la peinture occidentales et la création du vitrail complètent de leur splendeur celle de

  1. André Michel, Histoire de l’Art, tome I, 2e partie, L’Architecture romaine, par M. Camille Enlart.