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LES MOULURES


La moulure, dans son esprit, dans son essence, représente, signifie toute la pensée du maître d’œuvre.

Qui la voit et la comprend voit le monument.

Sa douceur est celle de la nature elle-même ; sa vie, la vie de tout l’édifice. Elle contient toute la force de l’architecte, elle exprime toute sa pensée. Revenons à l’adoration de ce qu’elle a copié autrefois. Elle s’est ingéniée à répandre la grâce douce, la puissance, la souplesse, l’unité.

La femme, éternel modèle, donne ces formes onduleuses.

Ce n’est pas l’ornement, c’est la moulure qui doit être le repos des yeux. Mais elle exprime, en coupe, le caractère de l’époque. — Doucine est bien le nom de la moulure française.


Les moulures se suivent dans l’ordre, les contours lancés se développent comme des mouvements qui parfois se détournent de leur ligne initiale, les nuances se chargent de l’expression locale.


La Renaissance a fait passer la chair adorée de la femme et sa tendresse dans la moulure, dans l’ornement, dans toute l’architecture, cette musique de chair…


Les moulures sont des symphonies douces.