Page:Aulu-Gelle - Œuvres complètes, éd. Charpentier et Blanchet, 1919, I.djvu/8

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
IV
NOTICE SUR AULU-GELLE


dit notre Quintus, par une obstinée obstination. Hérode t’aime et moi j'en fais autant, et quiconque ne t'aime point ne comprend point avec son esprit, ne voit point avec ses yeux ; je ne dis rien des oreilles, car toutes les oreilles sont les esclaves de ta voix. »

Favorinus, Gaulois d'origine, ne le cédait point en célébrité à Fronton. C'est lui qui, s'étant rendu à l'avis de l'empereur Adrien, qui l'avait repris sur une expression qui avait pour elle d'excellentes autorités, répondit à ses amis qui lui en faisaient un reproche : « Vous avez tort, mes amis, de ne pas vouloir que je reconnaisse comme le plus savant de l'univers un homme qui a trente légions à son service. » C'est déjà le mot de Voltaire sur Frédéric. Favorinus, au témoignage de saint Augustin, était un homme d’un grand savoir et d’une élocution fort élégante ; c’était aussi, on peut le croire, un philosophe sérieux. Il a eu, avant J.-J. Rousseau, et peut-être la lui a-t-il inspirée, l’idée de rappeler aux mères le devoir que leur impose la nature, de nourrir leur nouveau-né. Les paroles de l’auteur de l’Emile ne sont pas plus éloquentes que celles de Favorinus.

C’est dans cette société de savants et d’antiquaires que vivait Aulu-Gelle, s’engageant le plus souvent dans des discussions frivoles : « Quand peut-on dire que l’on meurt ? Quand peut-on dire qu’on se lève ? » et autres questions également puériles. Aulu-Gelle, cependant, rencontre mieux quelquefois. Il sait captiver notre attention en nous racontant l’anecdote du jeune Prétexiatus, l'amour d’un dauphin pour un jeune enfant, l’aventure d’Arion, la fable de l’alouette et de ses petits. On trouve dans son ouvrage des recherches curieuses sur les antiquités, sur la grammaire et sur le droit romain, des points d'érudition discutés avec