Page:Austen - Emma.djvu/143

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Le regard disait : « Je vous comprends fort bien », mais elle répondit seulement :

— Mlle Fairfax est réservée.

— Je vous ai toujours dit qu’elle l’était un peu, mais vous aurez vite fait de dissiper cette gêne et cette excessive discrétion.

— Vous croyez donc qu’elle manque de confiance en elle-même ? Ce n’est pas mon avis.

— Ma chère Emma, dit-il en s’asseyant sur une chaise plus proche d’elle. Vous n’allez pas me dire, j’espère, que vous n’avez pas passé une agréable soirée.

— Oh non ; j’ai été satisfaite de ma persévérance à poser des questions et amusée du peu de profit que j’en ai tiré.

— Je suis désappointé, se borna-t-il à répondre.

— J’espère que tout le monde a passé une bonne soirée, dit M. Woodhouse de sa voix la plus douce. Il en a été ainsi pour ma part. À un moment donné la chaleur du feu m’a légèrement incommodé, mais je n’ai eu qu’à reculer un peu ma chaise pour me sentir parfaitement à mon aise ; Mlle Bates était très causante et de bonne humeur comme d’habitude : elle est toujours agréable bien qu’elle parle un peu vite ; Mme Bates et également une excellente personne. J’aime les vieux amis. Mlle Fairfax est une très jolie personne et parfaitement bien élevée. Elle a dû être contente, Monsieur Knightley, puisqu’Emma était là pour lui tenir compagnie.

— C’est bien vrai, Monsieur ! Et Emma de son côté avait la chance d’avoir Jane Fairfax.

Emma vit l’anxiété de son père et pour l’apaiser elle dit avec une sincérité évidente :

— C’est une créature si élégante qu’il est impossible de ne pas prendre plaisir à la regarder. Je l’admire sans cesse et je la plains de tout mon cœur.

M. Knightley hésita un instant ; il ne trouvait