Page:Austen - Emma.djvu/164

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Tout en causant, Emma observait M. Weston : celui-ci ne cessait de jeter à la dérobée sur leur groupe des regards où perçaient sa satisfaction et son plaisir et lors même qu’il s’efforçait de ne pas regarder, il prêtait l’oreille à leurs propos. Quant à M. Woodhouse il n’avait pas le moindre soupçon du complot tramé contre son repos ; il désapprouvait chaque mariage annoncé, mais ne ressentait jamais aucune appréhension d’un mariage possible : avant d’avoir la preuve de leur complicité, il n’aurait jamais voulu faire à deux personnes l’injure de leur prêter des intentions matrimoniales ! Il pouvait donc sans aucune arrière-pensée s’abandonner à ses sentiments de bonté et de politesse et s’inquiéter des difficultés de tous genres auxquelles, selon lui, M. Frank Churchill avait dû être exposé pendant un si long voyage. Après un temps normal, M. Weston se prépara à partir.

— Je suis forcé de vous dire adieu, dit-il. Je dois m’arrêter à l’hôtel de la Couronne à propos de mon foin et je suis chargé d’un grand nombre de commissions pour Ford ; mais je ne veux presser personne.

Son fils trop bien élevé pour ne pas saisir l’allusion, se leva aussitôt en disant :

— Puisque vous avez à vous occuper d’affaires, Monsieur, je profiterai de l’occasion pour faire une visite. J’ai l’honneur de connaître une de vos voisines, ajouta-t-il en se tournant vers Emma, une jeune fille du nom de Fairfax qui habite Highbury ; je n’aurai pas de difficultés je pense à trouver la maison ; mais peut-être sera-t-il plus prudent, en demandant mon chemin, de d’informer des Barnes ou Bates. Connaissez-vous cette famille ?

— Si nous la connaissons ! reprit son père. Nous avons passé devant la maison de Mme Bates pour venir ici ; j’ai vu Mlle Bates à sa fenêtre. Vous avez, si je ne me trompe, rencontré Mlle Fairfax à Weymouth, c’est une bien jolie personne.

— Il n’est pas indispensable que j’aille présenter mes hommages aujourd’hui même, répondit le jeune homme, mais nous étions dans des termes tels…