Page:Austen - Emma.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fite plus aujourd’hui. Elle est très timide et réservée, et a besoin d’être encouragée. Je considère la timidité comme un charme de plus chez ceux qui se trouvent dans une position un peu inférieure : cette réserve prévient en leur faveur. Je désire vivement lui être utile.

— Vos sentiments partent du cœur, mais je ne vois pas clairement de quelle façon vous pourriez lui témoigner votre bonne volonté ; excepté les attentions que ses anciens amis ont toujours……

— Ma chère Mademoiselle Woodhouse, il nous appartient de prendre l’initiative et de donner l’exemple. Notre rang social nous offre les moyens d’action efficace : nous avons des voitures pour l’aller chercher et reconduire chez elle, et nous vivons sur un pied qui nous permet de ne pas nous apercevoir de la présence de Jane Fairfax. Je serais extrêmement fâchée si Wright nous servait un dîner qui pût me faire regretter d’avoir invité Jane Fairfax à le partager. Je n’imagine pas une chose pareille ; le danger pour moi, comme maîtresse de maison, serait plutôt de tomber dans l’excès contraire. Maple Grove sera probablement mon modèle plus que de raison ; car nous n’avons aucunement la prétention de rivaliser avec mon beau-frère, M. Suckling, pour la fortune. Je suis bien décidée à m’occuper de Jane Fairfax ; je l’inviterai très souvent chez moi ; je donnerai des soirées musicales en son honneur ; je serai continuellement à la recherche d’une situation convenable pour elle. Mes relations sont si étendues que je ne doute pas de pouvoir bientôt lui faire part d’une offre avantageuse. Naturellement je la présenterai d’une façon toute particulière à mon beau-frère et à ma sœur quand ils vont venir. Je suis sûre qu’elle leur plaira ; de son côté elle les appréciera beaucoup ; elle aura vite fait de surmonter son appréhension ; malgré leur fortune, en effet, ils sont très simples et n’ont rien d’intimidant. Nous lui trouverons probablement une