Page:Austen - Emma.djvu/267

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le point de manifester sa surprise : « De si bonne heure, est-ce possible ! » Mais elle eut bientôt l’explication de cet empressement anormal : c’était une famille de vieux amis qui avaient été également conviés à une inspection avant la lettre. Des cousins suivirent, requis eux aussi pour ces formalités préliminaires.

Le fait d’être la confidente et l’amie intime d’un homme qui faisait appel à l’avis de tant de personnes n’était pas particulièrement flatteur, et Emma, tout en appréciant la franchise des manières de M. Weston, ne put que regretter leur banalité.

On fit de nouveau le tour des salons, et les éloges ne furent pas ménagés : puis tout le monde prit place, en demi-cercle, près de la cheminée. Au cours de la conversation, Emma découvrit qu’il n’avait pas tenu à M. Weston si le nombre des conseillers privés n’était pas encore plus considérable : les Weston s’étaient, en effet, arrêtés devant la porte de Mlle Bates pour offrir leur voiture ; mais la tante et la nièce n’avaient pu accepter cette offre par suite d’un engagement préalable avec les Elton.

Frank Churchill se tenait à côté d’Emma, mais il était agité, allait à la porte, regardait à la fenêtre. La conversation tomba sur Mme Elton :

— Je suis très curieux, dit-il, de faire la connaissance de Mme Elton, dont j’ai tant entendu parler. Elle ne saurait tarder à arriver.

On entendit, à ce moment, le bruit d’une voiture. Il se leva immédiatement, mais, revenant sur ses pas, il reprit :

— J’oublie que je n’ai jamais vu ni M. ni Mme Elton ; je n’ai donc aucune raison de me mettre en avant.

M. et Mme Elton firent leur entrée et, après les paroles d’accueil et de bienvenue, Mme Weston ajouta :

— Et Mlle Bates et Mlle Fairfax ? Ne deviez-vous pas passer les prendre ?

L’oubli était facilement réparable et des ordres