Page:Austen - Emma.djvu/290

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plausible ; nul appât du reste n’était nécessaire et des plants de choux eussent suffi pour tenter Mme Elton ! Celle-ci lui donna à plusieurs reprises l’assurance de son acceptation : elle était extrêmement flattée de cette preuve d’intimité.

— Vous pouvez compter sur moi, dit-elle, voulez-vous me permettre d’amener Jane Fairfax ?

— Je ne puis pas fixer un jour, reprit-il, avant d’avoir parlé aux personnes que je désire vous faire rencontrer.

— Je m’en charge : donnez-moi seulement carte blanche. Je serai la dame patronnesse. J’amènerai des amis avec moi.

— J’espère que vous amènerez Elton ; mais je me réserve les autres invitations.

— Oh ! Vous pouvez sans crainte me déléguer vos pouvoirs. Je ne suis pas une novice dans l’emploi. Je prends sur moi toutes les responsabilités.

— Non, reprit-il avec calme, il n’y a qu’une femme au monde à laquelle je permettrai de dresser la liste des hôtes de Donwell et cette femme c’est…

— Mme Weston, je suppose, reprit Mme Elton d’un air mortifié.

— Non : Mme Knightley, et en attendant je me chargerai moi-même de cette besogne.

— Ah ! Vous êtes un original, dit-elle, satisfaite de ne se voir préférer personne, vous êtes un humoriste et vous pouvez vous permettra de tout dire ! Eh bien ! soit ! Je demanderai à Jane et à Mlle Bates de m’accompagner. Je vous abandonne les autres. Je n’ai pas d’objection à me trouver avec la famille d’Hartfield. Je tiens à lever vos scrupules ; je sais que vous avez de l’amitié pour les Woodhouse.

— Vous les verrez certainement si mon invitation est agréée, et je passerai chez Mme Bates en m’en allant.

— C’est tout à fait inutile ; je vois Jane tous les jours ; mais faites comme il vous plaira. Ce sera une réunion du matin, n’est-ce pas Knightley ? Tout à fait simple. Je mettrai un grand chapeau et j’aurai un léger panier suspendu à mon bras ; probablement celui-ci, attaché avec un ruban rose. Jane aura le pareil. Aucune cé-