Page:Austen - Emma.djvu/62

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cette fois-ci : Isabelle ne peut supporter quitter son mari.

Cette constatation était trop évidente pour permettre la contradiction. Bien malgré lui, M. Woodhouse fut obligé de se soumettre en soupirant ; Emma se rendait compte qu’il était attristé à l’idée de l’affection conjugale de sa fille et elle se hâta de mettre le sujet sur un terrain plus agréable.

— Il faudra qu’Harriet nous consacre une grande partie de son temps pendant le séjour de mon beau-frère et de ma sœur. Je suis sûre qu’elle aimera les enfants. Nous sommes très fiers des enfants, n’est-ce pas, papa. Je me demande lequel d’Henri ou de Jean plaira le plus à Harriet ?

— Pauvres chéris, comme ils seront contents de venir. Vous savez Harriet, ils aiment beaucoup être à Hartfield.

— Je n’en doute pas, Monsieur. Qui ne le serait pas ?

— Henri est un beau garçon, mais Jean ressemble beaucoup à sa maman. Henri est l’aîné ; il porte mon nom : C’est un garçon très intelligent. Ils ont tous deux de si gracieuses manières. Je suis d’avis que leur père est souvent brusque avec eux.

— Il vous semble brusque, dit Emma parce que vous avez vous-même des manières si douces. M. John Knightley veut que ses garçons soient hardis et actifs et il sait à l’occasion parler sévèrement, mais c’est un père très affectueux et les enfants l’aiment beaucoup.

— Quand leur oncle vient, il les attrape et il les soulève jusqu’au plafond d’une manière bien effrayante.

— Mais papa il n’y a rien qu’ils aiment autant. C’est un si grand plaisir pour eux que si leur oncle n’avait établi la règle de les prendre l’un après l’autre, le premier empoigné ne voudrait jamais céder sa place !