Page:Austen - Les Cinq filles de Mrs Bennet.djvu/110

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lons plus de cette affaire. Je suis bien loin, continua-t-il d’une voix où perçait le mécontentement, de garder rancune à votre fille. La résignation à ce qu’on ne peut empêcher est un devoir pour tous, et plus spécialement pour un homme qui a fait choix de l’état ecclésiastique. Ce devoir, je m’y soumets d’autant plus aisément qu’un doute m’est venu sur le bonheur qui m’attendait si ma belle cousine m’avait fait l’honneur de m’accorder sa main. Et j’ai souvent remarqué que la résignation n’est jamais si parfaite que lorsque la faveur refusée commence à perdre à nos yeux quelque chose de sa valeur. J’espère que vous ne considérerez pas comme un manque de respect envers vous que je retire mes prétentions aux bonnes grâces de votre fille sans vous avoir sollicités, vous et Mr. Bennet, d’user de votre autorité en ma faveur. Peut-être ai-je eu tort d’accepter un refus définitif de la bouche de votre fille plutôt que de la vôtre, mais nous sommes tous sujets à nous tromper. J’avais les meilleures intentions : mon unique objet était de m’assurer une compagne aimable, tout en servant les intérêts de votre famille. Cependant, si vous voyez dans ma conduite quelque chose de répréhensible, je suis tout prêt à m’en excuser.




XXI


La discussion provoquée par la demande de Mr. Collins était maintenant close. Elizabeth en gardait seulement un souvenir pénible et devait encore supporter de temps à autre les aigres allusions de sa mère. Quant au soupirant malheureux, ses sentiments ne s’exprimaient point par de l’embarras ou de la tristesse, mais par une attitude raide et un silence plein de ressentiment. C’est à peine s’il s’adressait à Elizabeth, et les attentions dont il la comblait auparavant se reportèrent sur miss Lucas dont la complaisance à écouter