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ORGUEIL

» — Vous avez raison, dit M. Bennet, il est heureux que vous possédiez le talent de flatter avec délicatesse. Ne serais-je pas indiscret en vous demandant si ces jolies phrases vous viennent sur-le-champ, ou si elles sont le fruit d’une préparation ?

» — En général j’obéis à l’impulsion du moment, mais, bien que parfois je m’amuse à faire ma petite provision de ces phrases élégantes, applicables aux circonstances, mon but est toujours de leur donner tout le charme de l’impromptu. »

L’attente de M. Bennet fut parfaitement réalisée ; son cousin était tel qu’il l’avait souhaité ; il l’écoutait avec la plus vive satisfaction, sans rien perdre de son sérieux, et n’en partageait le plaisir que par un regard adressé de temps en temps à Élisabeth.

À l’heure du thé, ayant joui à son aise des ridicules de son convive, il le ramena dans le salon et l’engagea, aussitôt qu’on eut pris le thé, à faire une lecture à ces dames. M. Colins y consentit. On