Page:Austen - Orgueil et Prevention 2.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
7
ET PRÉVENTION

étrangers lorsque sa santé était dans un état aussi languissant, et des amans surtout ! Existait-il dans le monde des êtres plus ennuyeux ? Tels furent les doux murmures de Mme Bennet, et peut-être dureraient-ils encore, si la longue absence de M. Bingley ne lui eût donné pour se plaindre un motif plus intéressant.

Ni Hélen ni Élisabeth n’étaient fort tranquilles à ce sujet ; les jours et les semaines se passèrent sans entendre parler de lui ; on disait même dans Meryton que de tout l’hiver peut-être, il ne reviendrait à Netherfield ; nouvelle qui offensait beaucoup Mme Bennet, et qu’elle ne manquait jamais de contredire, comme un mensonge des plus scandaleux.

Élisabeth commençait même à craindre, non l’indifférence de Bingley, mais que ses sœurs n’eussent assez d’empire sur lui, pour le retenir à Londres et, tout en éloignant une pensée si contraire au bonheur d’Hélen, et si injurieuse pour son amant, elle ne laissait pas d’en concevoir