Page:Austen - Orgueil et Prevention 2.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
136
Orgueil

pourquoi, elle s’assit, et se mit à pleurer pendant plus d’une demi-heure. Plus elle réfléchissait à ce qu’il venait de lui arriver, plus son étonnement était grand que M. Darcy l’eût demandée en mariage, qu’il l’eût aimée pendant plusieurs mois, et aimée au point de vouloir l’épouser, malgré tous les obstacles qui l’avaient engagé à s’opposer à l’union de son ami avec Hélen ; obstacles qui, lorsqu’il s’agissait de lui-même, devaient paraître bien plus forts : c’était chose presque incroyable ! Il était flatteur pour elle d’avoir, sans y penser, inspiré une passion si vive : mais l’orgueil de Darcy, son détestable orgueil, ce froid aveu de la conduite qu’il avait tenue à l’égard d’Hélen, et ne paraissant nullement s’en repentir, bien qu’il ne pût rien dire pour sa justification ; son ton ironique en parlant de Wickham, sa cruauté envers lui, qu’il ne cherchait même pas à désavouer, détruisirent bientôt cette faible compassion que l’idée de son attachement pour elle avait un moment excitée.