Page:Austen - Orgueil et Prevention 2.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
141
ET PRÉVENTION

geait qu’elle fût écrite et lue. Il faut donc que vous me pardonniez la liberté avec laquelle je demande votre attention ; votre cœur, je le sais, ne me l’accordera qu’à regret, mais je l’attends de votre justice.

« Deux fautes d’une nature bien différente et loin d’être également graves, m’ont été hier au soir par vous imputées ; la première était que sans égard pour leurs sentimens mutuels, j’avais éloigné M. Bingley de votre sœur, et l’autre que malgré les droits les plus sacrés, malgré les lois de l’honneur et de l’humanité, j’avais frustré toutes les espérances et détruit pour un temps le bonheur de M. Wickham. Me brouiller volontairement et sans cause, avec l’ami de mon enfance, le protégé de mon père, avec un jeune homme qui n’avait pour ainsi dire d’autre ressource qu’en notre famille, et qui avait été élevé dans l’idée d’en attendre tout, serait une dépravation à laquelle la séparation de deux jeunes gens, dont l’inclination née de quelques jours de