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ET PRÉVENTION

prise témoignée par le jardinier en apercevant son maître, le leur aurait bientôt appris ; ils se tinrent un peu à l’écart comme il parlait à leur nièce, qui, confuse et étonnée, osait à peine lever les yeux, et ne savait quelles réponses faire aux demandes polies qu’il lui adressait sur sa famille. Ses manières, si différentes de ce qu’elle les avait vues autrefois, la rendaient toute surprise ; chaque mot prononcé par lui augmentait sa gêne, et l’idée de l’inconvenance qu’il y avait pour elle à se trouver chez lui, se présentait à son esprit avec une nouvelle force ; le peu d’instans qu’ils demeurèrent ensemble fut peut-être un des plus désagréables de sa vie ; quant à lui, il ne paraissait guère plus à l’aise ; lorsqu’il parlait, son accent n’avait point sa fermeté ordinaire. Il répéta ses questions sur l’époque où elle avait quitté Longbourn et le temps qu’elle devait rester dans Derbyshire, si souvent et d’un air si agité, qu’il était aisé d’apercevoir le trouble de son âme.