Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/241

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Je suis là, réponds-moi. je viens te secourir !
Tant que je suis vivant, tu ne peux pas mourir ! »


III

Or, à ce même instant, trahi par la fortune,
Dans ce défilé sombre où se levait la lune.
Roland se débattait. Les monts, les pics voisins
Avaient jeté sur lui cent mille Sarrasins.
Las de souffler en vain dans l’oliphant d’ivoire,
Il ne combattait plus que pour sauver sa gloire,
Et, d’un tronçon d’épée usé plus qu’à demi,
Il repoussait encor le choc de l’ennemi.
Autour de lui gisaient, comme une herbe fauchée,
Margariz de Sibille, à la lame ébréchée ;
L’émir de Balaguer, qui, si fier et si beau,
Restera sur le sol en pâture au corbeau ;
Agoub, qui dans son cœur ulcéré de malice
Mit la fraude au-dessus de tout l’or de Galice,
Et qui, dans un couteau richement emmanché,
N’estimait que le sang dont le fer est taché ;
Turgis, qui possédait sous les murs de Grenade
Un palais arrondi, ceint d’une colonnade.