Page:Béranger - Chansons anciennes et posthumes.djvu/601

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Rimeur, j’ai craint de faire ombrage
Aux talents d’un ordre élevé ;
J’ai craint jusqu’au renom de sage,
Dont Lisette m’a préservé.

Moi, sage ! oh ! non ; c’est la paresse
Qui m’a fait des goûts si bornés.
Non, j’aurais craint que ma sagesse
N’effrayât de pauvres damnés.
Quand souffrent au siècle où nous sommes
Peuple et roi, riche et travailleur,
Crois-moi, le plus sage des hommes
N’en saurait être le meilleur.

Lebrun, mon exemple t’enseigne
À faire au monde juste part.
À l’Institut qu’un autre règne :
J’ai bâti ma ruche à l’écart.
Là, si peu que le miel abonde,
Je puis craindre encor les fourmis ;
Mais là, moins je me donne au monde,
Plus j’appartiens à mes amis.