Page:Büchner - La Mort de Danton, trad. Dietrich, 1889.djvu/310

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néant. Il se leva brusquement et descendit la pente précipitamment.

L’obscurité était venue, ciel et terre se confondaient. C’était comme si quelque chose le poursuivait, quelque chose d’horrible qui voulait l’atteindre et que ne peuvent supporter les hommes ; comme si la folie chevauchait derrière lui. Enfin il entendit des voix, il vit des lumières, il se sentit soulagé ; on lui dit qu’il avait encore une demi-heure jusqu’à Waldbach[1]. Il traversa le village. Les lumières brillaient à travers les fenêtres. Il vit à leur clarté des enfants à table, des vieilles femmes, des jeunes filles, tous visages calmes et paisibles desquels, à son avis, devaient s’échapper les rayons. Il se sentit à l’aise. Il fut bientôt à Waldbach, au presbytère. On soupait. Il entra. Ses boucles blondes pendaient sur son visage pâle, ses yeux et sa bouche tressaillaient, ses habits étaient déchirés. Oberlin lui souhaita la bienvenue[2] ; il le prenait pour un ouvrier. « Soyez

  1. Chef-lieu d’une des deux paroisses qui se partageaient le Ban de la Roche, dont Oberlin, qui va entrer en scène, était pasteur. L’autre paroisse était Rothau. À Waldbach se rattachaient les villages et hameaux de Fouday et de Bellefosse, dont il est question dans le cours du récit. (Note du traducteur).
  2. Oberlin (Jean-Frédéric), naquit à Strasbourg le 31 août 1740, d’une famille protestante distinguée. Après avoir songé d’abord à embrasser la carrière des armes, il se décida pour le ministère évangélique. À l’âge de vingt-sept ans il accepta par dévouement la cure de Waldbach, dans le Ban de la