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PRÉFACE

Théodore Abou-Kurra, le dernier des docteurs de l’Église grecque en Syrie, est regardé comme le premier parmi les écrivains melchites, qui représentent la foi catholique dans ce pays. Ses Œuvres grecques, publiées avec traduction latine dans la Patrologie grecque de Migne[1], ont été l’objet des travaux de plusieurs savants. Ses Œuvres arabes, dont nous avons publié la partie la plus considérable, intéressent à plus d’un titre les Orientalistes[2]. Elles constituent, en effet, le plus ancien ouvrage de la littérature chrétienne en arabe, et sont un modèle de style de cette littérature dans son âge d’or ; mais elles présentent encore une apologie et une défense de la foi catholique en Orient, divisé alors par tant de sectes. Le théologien y trouve surtout un témoignage très précis de l’Église grecque en Syrie au sujet de la primauté de saint Pierre et de celle de ses successeurs un peu avant que Photius n’essayât à Constantinople de nier ce dogme.


I


Plusieurs ont essayé d’esquisser la vie de l’Auteur ; mais, faute de documents, ils n’ont réuni que des données assez maigres et souvent contradictoires. Nous-même avons dû nous en remettre au P. Cheikho, S. J., pour la note mise en préface de ce traité d’Abou-Kurra publié seul pour la première fois dans la Revue Al-Machrik. Mais, profitant de notre passage à Paris, nous avons cherché et trouvé, à la Bibliothèque Nationale, quelques documents qui nous permettent du moins d’éclaircir certains points obscurs dans la biographie de l’Auteur.

D’après la Chronique de Michel le Syrien, patriarche jacobite du xiie siècle[3], Théodore Abou-Kurra est originaire d’Édesse en Mésopo-

  1. Tome XCVII, col. 1468-1609.
  2. Œuvres arabes de Théodore Aboucara, évêque de Haran, le plus ancien écrit chrétien en arabe, édité pour la première fois par le P. Constantin Bacha, religieux basilien de Saint-Sauveur, à Beyrouth. In-8°, 200 p. — Prix : 5 fr.
  3. Éditée et traduite par M. l’abbé Chabot. Paris, 1899, tome III, p. 29-34. Michel le nomme Theodoricus Pygla. M. Chabot dit dans une note qu’il n’est pas sûr de la lecture de ce mot dans le manuscrit. Mais son identification avec Théodore Abou-Kurra m’a paru très évidente dès la première lecture ; les lettres d’Abou-Raïta, dont je parlerai plus tard, m’ont donné plus d’assurance encore.