Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/63

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naturelle, aussi nécessaire et aussi invariable que toutes les autres lois qui gouvernent le monde.

Cette loi est une conséquence logique, inévitable, de l’origine animale de la société humaine ; or, en face de toutes les preuves scientifiques, physiologiques, psychologiques, historiques, qui se sont accumulées de nos jours, aussi bien qu’en face des exploits des Allemands, conquérants de la France, qui en donnent aujourd’hui une démonstration si éclatante, il n’est plus possible vraiment de douter de la réalité de cette origine. Mais du moment qu’on accepte cette origine animale de l’homme, tout s’explique. L’histoire nous apparaît alors comme la négation révolutionnaire, tantôt lente, apathique, endormie, tantôt passionnée et puissante, du passé. Elle consiste précisément dans la négation progressive de l’animalité première de l’homme par le développement de son humanité. L’homme, bête féroce, cousin du gorille, est parti de la nuit profonde de l’instinct animal pour arriver à la lumière de l’esprit, ce qui explique d’une manière tout à fait naturelle toutes ses divagations passées, et nous console en partie de ses erreurs présentes. Il est parti de l’esclavage animal, et, traversant l’esclavage divin, terme transitoire entre son animalité et son humanité, il marche aujourd’hui à la conquête et à la réalisation de sa liberté humaine. D’où il résulte que l’antiquité |165 d’une croyance, d’une idée, loin de prouver quelque chose en sa faveur, doit au contraire nous la rendre sus-