Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/69

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christianisme a mieux compris que les autres, sans excepter même les antiques religions orientales, qui d’ailleurs n’ont embrassé que des peuples distincts et privilégiés, tandis que le christianisme a la prétention d’embrasser l’humanité tout entière ; et voilà ce que, de toutes les sectes chrétiennes, le catholicisme romain a seul proclamé et réalisé avec une conséquence rigoureuse. C’est pourquoi le christianisme est la religion absolue, la dernière religion ; et pourquoi l’Église apostolique et romaine est la seule conséquente, légitime et divine.

N’en déplaise donc aux métaphysiciens et aux idéalistes religieux, philosophes, politiciens ou poètes : l’idée de Dieu implique l’abdication de la raison et de la justice humaines, elle est la négation la plus décisive de la liberté humaine et aboutit nécessairement à l’esclavage des hommes, tant en théorie qu’en pratique.

À moins donc de vouloir l’esclavage et l’avilissement des hommes, comme le veulent les jésuites, comme le veulent les mômiers, les piétistes ou les méthodistes protestants, nous ne pouvons pas, nous ne devons pas faire la moindre concession ni au Dieu de la théologie, ni à celui de la métaphysique. Car dans cet alphabet mystique, qui commence par dire A devra fatalement finir par dire Z, et qui veut adorer Dieu doit, sans se faire de pué-riles illusions, renoncer bravement à sa liberté et à son humanité.

Si Dieu est, l’homme est esclave ; or l’homme