Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/25

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signeront difficilement les conditions de Bismarck, parce ce que ce serait une action aussi lâche qu’impolitique de leur part. Au reste, chi lo sà ? Ils sont fatigués d’être restés si longtemps sans couronne, et « Paris vaut bien une messe », a dit leur aïeul Henri IV.

Oh ! parlez-moi par exemple de M. Émile de Girardin. Parlez-moi de messieurs les sénateurs, les conseillers d’État, les diplomates, les membres du Conseil privé et du cabinet de l’empereur. Eux sont rompus à toutes les bassesses, ils ne demanderont pas mieux que de se vendre ; ils sont tous à acheter, et pas cher. Quant à l’impératrice Eugénie, elle est capable sans doute de s’offrir à l’armée prussienne tout entière, pourvu que cette dernière veuille bien conserver la couronne déshonorée de la France sur la tête de son fils.

Le plus probable, je pense, c’est que, s’il y a conclusion de la paix, cette paix sera signée par des bonapartistes. Mais ce qu’il y a de certain, c’est que, quel que soit le gouvernement qui la signe, il sera nécessairement et par la force même des choses le vassal de la Prusse, le très humble et dévoué serviteur du comte de Bismarck ; un serviteur très sincère, parce que, méprisé et détesté de la France, il n’aura plus, comme je l’ai déjà observé, d’autre appui ou d’autre raison d’existence que la Prusse.

Se sachant d’autant plus haï à l’intérieur qu’il sera plus efficacement protégé à l’extérieur, le gouvernement nouveau de la France se devra autant à