Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nique de renverser au plus vite leur tyran, pour mériter les sympathies de la démocratie de l’Europe. En lisant ces discours, on eût pu croire entendre des hommes libres, et fiers de leur liberté, parlant à des esclaves. En voyant cette fière indignation germanique contre la tyrannie et la malhonnêteté de Napoléon III, on pourrait s’imaginer que le rêve de la démocratie socialiste, l’État populaire et libre, est déjà réalisé en Allemagne, et que les ouvriers allemands ont lieu d’être satisfaits de leurs propres gouvernements !

Entre la politique de Napoléon III et celle du grand chancelier de l’Allemagne, le comte de Bismarck, existe-t-il une autre différence que celle-ci : l’une a été malheureuse, l’autre heureuse ? Quant au fond immoral, despotique, violateur de tous les droits humains, il est absolument le même. Ou bien les ouvriers de l’Allemagne auraient-ils la naïveté de penser que Bismarck, comme homme politique, est plus moral que Napoléon III, et qu’il s’arrêtera devant quelque immoralité que ce soit, lorsqu’il s’agira d’atteindre un but politique quelconque ?

|111 S’ils peuvent le penser, c’est qu’ils n’ont fait aucune attention à la politique de leur grand chancelier, dans ces dernières années surtout, depuis la dernière insurrection de la Pologne, pendant laquelle il n’a point joué d’autre rôle que celui de comparse des bourreaux moscovites ; et c’est qu’ils n’ont jamais réfléchi sur les nécessités et sur la nature même de la politique. S’ils peuvent encore croire à la mora-