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le sang de la coupe

Et tu vois accourir vers toi, ravis d’amour,
Les constellations et les lys. À l’entour,
Sous le voile meurtri d’une Aurore qui saigne,
La lumière en pleurant dans ton ode se baigne ;
Dans les jardins de feu, les roses de mille ans
Pour la boire ont ouvert des calices brûlants ;
La vigne et les raisins de l’immortelle joie,
Rougissants de désirs sous la treille qui ploie,
Laissent pendre leurs fruits gonflés sur les chemins,
Et toi, vers les rameaux tendant tes belles mains
Heureuses de cueillir les célestes vendanges,
Tu montes dans l’azur en chantant des louanges !


Février 1856.