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le sang de la coupe

Il gravit les sommets dès que le jour a lui.
Hermès, fils de Maïa, tu vas voler vers lui,
Rapide, et franchissant les cieux à tire-d’ailes,
Et tu lui rediras ces paroles fidèles :

Pasteur aimé de Pan, ô Pâris, fils de roi !
Laisse là tes brebis et calme ton effroi.
De l’Olympe neigeux trois Déesses sublimes
Ont pour ton jugement quitté les hautes cimes.

Pèse en tes mains les flots de leurs cheveux tremblants ;
Regarde leurs bras ; vois quels pieds sont les plus blancs,
Et quel sein virginal montre, par sa courbure,
Sous le riche péplos la forme la plus pure.

Compare la blancheur des dents et la façon
Dont les sourcils égaux, plantés à l’unisson,
S’arrondissent en arc, puis offre à la plus belle
Ce fruit d’or, qu’elle estime un prix bien doux pour elle.

Le Chœur.

Comme le lait divin de la Mère immortelle
Sur l’univers entier tombe de sa mamelle
Et va tout féconder au loin.
Ainsi le roi des Dieux sur nous avec largesse
Répand dans ses discours sa féconde sagesse
Que nous recueillons avec soin.