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le sang de la coupe


III


Déroule tes cheveux, divins comme ta voix !
Leurs cheveux étaient blonds, quand les filles de l’Onde,
Les Grâces sans ceinture et les Nymphes des bois
Dansaient en s’embrassant dans la forêt profonde.

Mais ces bandeaux, pareils aux ornements des rois,
Chaque jour à présent disparaissent du monde,
Et sans doute, ô ma sœur, pour la dernière fois,
J’ai sur ton front charmant baisé la beauté blonde.

Lorsque Orphée, envieux de ce rare trésor,
Partit pour enlever l’antique toison d’or,
Pour la chanter ensuite il emporta sa lyre.

J’ai comme le héros accompli mon dessein,
Ô Nymphe, et maintenant, vaincu par mon délire,
Je célèbre cet or, parure de ton sein.